Burnout
création à venir
Burnout
Texte d’Alexandra Badea
L’Arche Editeur
Mise en scène et scénographie de Timothé Fourdin
Scénographie de Plume Mascio
Par la Compagnie Saxifrage
Avec :
Grégoire Aussillou : L’Evaluateur
Emeline Hauw : L’Evaluée
Timothé Fourdin : Le père de L’Evaluée, Le Président (voix)
Plume Mascio : Le président (image)
Composition musicale, création lumière, technique vidéo, construction décor : Plume Mascio
Création vidéo et régie : Timothé Fourdin et Laurent Doizelet
Régie lumière et plateau : Plume Mascio

« Tripalium ou Trepalium, est un terme latin considéré comme faisant référence à un instrument de torture composé de trois barres de bois. Il est considéré comme étant l'origine étymologique du mot « travail » en français ainsi que de son équivalent dans de nombreuses langues latines. »
A travers la pièce Burnout, c’est le sujet de l’épuisement au travail, ou comment l’obsession des performances professionnelles, ce stress permanent de rentabilité, qui est mis en exergue. Ce sujet, qui questionne la priorité donnée au travail sur la vie, est inhérent à notre société. Il l’est d’autant plus aujourd’hui, alors que cela fait de nombreuses années que le dévouement professionnel est couvert d’éloges, notamment par nos dirigeants politiques qui entendent le considérer comme une valeur sociale, un honneur, voire une nécessité essentielle pour l’humain et la société.

J’ai découvert ce texte lors d’un concours d’une école d’art dramatique nationale. Il m’a immédiatement plu tant il me rappelait une expérience passée, à l’époque où je travaillais en tant qu’assistant de développement, mais surtout, il raisonnait avec l’expérience de proches qui travaillent en tant que cadres qui me montraient leurs grilles de notations, véritables bulletins d’évaluation d’employés avec toutes les notes et commentaires qui y sont associés. Ces grilles d’objectifs, de performances, véritables outils de contrôles, pour ne pas dire de pressions qui pèsent sur des salariés. En lisant cette pièce, je repensais à ces proches si affectés par ces commentaires qui les poussent à toujours plus s’investir dans leur travail, au-delà du raisonnable.
A l’heure où nous vivons tous à travers notre emploi, subissant pressions sociales et patronales, travaillons-nous pour vivre, ou vivons-nous pour travailler ? Cette pièce dans laquelle une employée organise son existence autour de ses performances professionnelles, jusqu’à nier sa vie résonne plus que jamais avec notre actualité. La crise sanitaire que nous traversons le prouve encore, nombreux sont les salariés à demander une conservation partielle du télétravail afin de mieux profiter du temps de vie privée.

Si la mise en scène de ce texte qui se veut universel par ses absences de marqueurs spatio-temporels et même de nom pour les personnages, l’action devrait se situer, selon moi, dans notre temporalité avec des costumes de cadres réalistes évoquant la modernité de la startup. L’utilisation de la vidéo ajouterait un côté onirique et renforce l’oppression du contrôle patronal et la monstruosité du texte. Le personnage du Président de l’entreprise serait présent par de la vidéo préenregistrée, qui plus est, celle d’un oeil qui parle et échange avec L’Evaluateur. Tout comme dans le film Les Temps modernes, de Chaplin, c’est par la vidéo que le patronat exerce son pouvoir, par l’image et la parole, mais il est ici déshumanisé et universalisé. La vidéo préenregistrée permet également de convoquer d’autres temporalités sur scène en faisant apparaitre le père de L’Evaluée qui sermonne sa fille dans une scène de souvenir d’enfance de cette dernière, mais lui-aussi, est déshumanisé, réduit à une bouche monstrueuse qui parle. De plus, des vidéos permettront également d’illustrer la submersion professionnelle de L’Evaluée et également son état émotionnel, d’ailleurs, cette dernière revient après sa mort sous forme de fantôme/de souvenir par la vidéo. L’évaluateur du personnel, lui, utilise la caméra qui diffuse des images en directes, afin de sonder l’état psychique désastreux de celles et ceux qui consacrent toutes leurs forces à leur réussite mais également à la réussite de leur entreprise. La caméra est également l’outil de surveillance et d’oppression, l’oeil matériel du Président, qui surveille même L’Evaluateur, lui-même outil de surveillance. L’emploi de la vidéo, de l’écran, et de la caméra dans ce projet permettent de surcroit la convocation de rêves, de souvenirs sur la scène matérialisant l’introspection des personnages et questionnant ainsi la déréalisation de l’espace scénique.

